Invité : Matt Hougan, Chief Investment Officer (CIO) de Bitwise
Traduction et synthèse : BitpushNews
Cet article est une synthèse du dernier épisode du podcast crypto Empire intitulé « Les flux institutionnels surpasseront le cycle des 4 ans ». L’invité est Matt Hougan, CIO de Bitwise.
Dans l’émission, Matt approfondit des thèmes essentiels tels que « l’influence décroissante du cycle de 4 ans du Bitcoin », « l’accélération de l’entrée des capitaux institutionnels », « le risque réel de vente forcée du Bitcoin par les stratégies d’investissement », partage son point de vue sur le débat Haseeb–Santi autour de la valorisation des blockchains L1, et livre son analyse des moteurs de croissance du marché crypto pour la prochaine phase.
(Ci-dessous, synthèse de l’entretien)
Q1 : Le marché a récemment connu de fortes fluctuations, notamment des chutes le week-end. Quelle est ton analyse ?
Matt Hougan :
La volatilité à court terme ne veut rien dire en soi, mais il est vrai qu’un « schéma de panique du week-end » s’est installé ces derniers mois. Les marchés crypto sont ouverts 24/7 toute l’année, alors que les humains ne le sont pas, ce qui entraîne naturellement une liquidité plus faible les week-ends. De plus, certaines annonces macroéconomiques majeures sont souvent publiées le vendredi après-midi, forçant le marché crypto à digérer l’information plus tôt, ce qui amplifie les mouvements le week-end.
Je ne pense donc pas qu’il s’agisse d’un changement fondamental. En réalité, nous parlons d’un marché globalement stable cette année, mais dont le sentiment est exagérément amplifié, comme si nous avions vécu un crash. Beaucoup d’investisseurs sont anxieux uniquement parce qu’ils se souviennent que « les week-ends, il se passe souvent quelque chose ». Ce n’est pas le signal d’une tendance de fond.
Q2 : D’un point de vue macro, comment juges-tu le marché pour 2025–2026 ? Le cycle de 4 ans est-il encore pertinent ?
Matt :
Je l’ai dit à de nombreuses reprises : selon moi, le fameux « cycle des 4 ans » est désormais quasiment obsolète. Il fonctionnait auparavant grâce à la combinaison de certains facteurs spécifiques, qui aujourd’hui n’ont plus le même impact.
Le choc d’offre provoqué par le halving a un effet décroissant ; l’environnement des taux d’intérêt est totalement différent des deux années de correction précédentes (2018, 2022), nous sommes désormais dans un cycle de baisse des taux ; les risques systémiques qui provoquaient d’énormes corrections lors des cycles passés ont aussi fortement diminué. Bref, les forces qui structuraient le cycle sont aujourd’hui affaiblies.
Mais à l’inverse, une force est devenue de plus en plus puissante : l’afflux de capitaux institutionnels. Au cours des six derniers mois, Bank of America, Morgan Stanley, UBS, Wells Fargo et d’autres géants traditionnels ont ouvert l’accès aux actifs crypto, pour un montant total dépassant 15 000 milliards de dollars. C’est une force de l’ordre de la décennie, suffisante pour surpasser le fameux cycle de 4 ans.
Donc je suis très clair : je ne pense pas que 2026 sera une année baissière, au contraire je pense qu’elle sera très forte.
Q3 : Tu mentionnes que beaucoup de « pression vendeuse des vieux investisseurs » ne provient pas des adresses on-chain. D’où vient-elle alors ?
Matt :
Beaucoup de détenteurs OG n’ont pas directement vendu leurs Bitcoins ces dernières années, donc les données on-chain ne montrent pas vraiment de mouvements de « vieux portefeuilles », mais ils ont exercé une pression vendeuse équivalente via les options couvertes (covered call).
En bref, ils ne souhaitent pas vendre leurs Bitcoins détenus depuis des années (pour des raisons fiscales notamment), mais ils veulent tout de même dégager des revenus. Ils mettent donc leurs Bitcoins en collatéral pour écrire des options, générant un rendement annuel de 10 à 20 %. Cette opération revient à « vendre » au marché une partie du potentiel de hausse future, ce qui exerce une pression sur les prix équivalente à une vente partielle, sans qu’on voie de transfert on-chain depuis les anciennes adresses.
Ce type de produit connaît une très forte croissance chez Bitwise, et nous ne sommes pas les seuls à en proposer. J’estime qu’il existe déjà plusieurs milliards de dollars de pression vendeuse cachée provenant de ce genre de ventes structurelles.
Q4 : Les stratégies d’investissement sont-elles vraiment soumises au risque de vente forcée ? Pourquoi le marché s’en inquiète-t-il autant ?
Matt :
Il n’y a absolument aucune raison de s’en inquiéter. Je pense même que c’est un malentendu.
MicroStrategy paie environ 800 millions de dollars d’intérêts par an, mais dispose de 14,4 milliards de dollars de cash, ce qui couvre largement les 18 prochains mois. Sa dette s’élève à 8 milliards de dollars, tandis que la valeur de ses Bitcoins dépasse 60 milliards de dollars. Plus important encore, la première échéance de remboursement de dette n’arrive qu’en 2027.
Sauf si le prix du Bitcoin chute de 90 %, il n’existe aucun scénario de « vente forcée ». Et si jamais une telle baisse se produisait, tout le secteur serait dans une situation bien pire que MicroStrategy.
La vraie question n’est donc pas « vont-ils vendre ? », mais plutôt « achèteront-ils autant à l’avenir qu’avant ? ». C’est là que se situe l’impact marginal.
Q5 : Quelles entreprises ou institutions t’inquiètent le plus en termes de pression vendeuse ?
Matt :
Si l’on applique le modèle « missionnaires vs mercenaires », je pense que :
Missionnaires (ex : Saylor) : ils ne vendront quasiment jamais.
Mercenaires (petites entreprises qui imitent MicroStrategy) : ils finiront par sortir, mais leurs volumes sont trop faibles pour causer un choc systémique, même en vendant tout.
Q6 : Lors de tes réunions avec les grandes institutions financières, quelles sont leurs principales préoccupations ?
Matt :
Je passe aujourd’hui énormément de temps à dialoguer avec ces institutions. Leurs questions sont très basiques : pourquoi le Bitcoin a-t-il de la valeur ? Comment l’évaluer ? Quelle est sa corrélation avec les actifs existants ? Quel rôle joue-t-il dans un portefeuille ?
Un fait clé est souvent oublié : les institutions prennent leurs décisions extrêmement lentement.
En moyenne chez Bitwise, un client institutionnel met 8 réunions avant de réellement investir, et ces réunions peuvent avoir lieu une fois par trimestre. Vous comprenez donc pourquoi Harvard n’a renforcé son allocation Bitcoin que maintenant : ils ont commencé à étudier le sujet le jour où les ETF ont été lancés, et il leur a fallu un an pour approuver l’investissement.
Des géants comme Bank of America gèrent 3 500 milliards de dollars d’actifs. Même une allocation de 1 % représenterait 35 milliards de dollars, soit davantage que tous les flux nets des ETF Bitcoin actuels réunis.
C’est pourquoi je dis : l’adoption institutionnelle sera la force la plus importante du marché dans les prochaines années.
Q7 : Pourquoi les conseillers financiers (FA) adoptent-ils les actifs crypto si lentement ?
Matt :
Parce que leur objectif n’est pas d’obtenir la performance maximale du portefeuille, mais de :
« Éviter d’être licenciés par leurs clients en cas de pertes. »
Si en 2021, un FA avait investi les fonds de ses clients dans le Bitcoin, et qu’en 2022, suite à l’affaire FTX, ces actifs avaient chuté de 75 %, les clients l’auraient immédiatement renvoyé.
À l’inverse, des actions IA comme Nvidia peuvent aussi baisser de 50 %, mais le récit du marché est « tendance d’avenir », alors que la narration médiatique autour des cryptos reste sous suspicion, donc le « risque de licenciement » est plus élevé.
Avec la baisse de la volatilité, la montée des stablecoins et la tokenisation d’actifs (RWA), les cryptos deviennent progressivement acceptables pour les conseillers professionnels.
Q8 : Concernant Ethereum, Solana et autres L1, comment expliques-tu leurs différences aux institutions ?
Matt :
La stratégie est simple :
Mettre d’abord en avant leurs différences (chemin technologique, vitesse, coût, philosophie de design)
Puis recommander d’acheter un peu de tout
La raison est simple : un conseiller consacre en moyenne 5 heures par semaine à la gestion de portefeuille, dont seulement 3 minutes aux cryptos.
Matt explique :
« Si je n’ai que trois minutes par semaine à consacrer à la crypto, il m’est impossible de déterminer quelle blockchain l’emportera. Donc la meilleure approche est de diversifier. »
En termes de compréhension :
Uniswap, Aave sont les plus faciles à comprendre, car ce sont des « Coinbase décentralisés » ou des « banques de prêt en version crypto »
Chainlink est aussi très apprécié par les institutions, car on peut directement dire :
« Chainlink, c’est le terminal Bloomberg du monde blockchain. »
Q9 : Quel est ton avis sur le débat Haseeb/Santi autour de la valorisation des L1 ?
**(Note Bitpush : **Haseeb Qureshi est associé chez Dragonfly Capital, VC crypto, partisan du long terme, qui estime que le marché sous-estime massivement le volume futur et les effets de réseau des blockchains L1, et que les valoriser avec les données actuelles revient à ignorer leur potentiel de long terme.
Santi Santos est investisseur et analyste crypto, plus proche de la finance traditionnelle, qui insiste sur le fait qu’à terme les L1 devront être valorisées avec leurs revenus, frais et véritable valeur économique, et que leur valorisation actuelle anticipe trop l’avenir.)
Matt :
Je pense qu’ils ont tous les deux raison, mais n’abordent pas le sujet sous le même angle.
Sur le plan structurel et de long terme, je me rapproche de la vision d’Haseeb. Nous sous-estimons beaucoup trop les volumes de transactions, l’activité économique et la fréquence de règlement sur chaîne à venir. Par exemple, pourquoi les salaires sont-ils versés toutes les deux semaines ? On pourrait les régler à l’heure, voire à la minute, ce qui multiplierait exponentiellement le volume de transactions on-chain.
Mais je rejoins aussi Santi sur un point : à terme, toutes les L1 devront être valorisées sur la base d’indicateurs économiques réels. Revenus, frais, valeur capturée par les protocoles, tout cela est incontournable. Mais les chiffres actuels ne reflètent absolument pas l’ampleur de la croissance future du réseau.
Je résumerais ainsi : La valorisation dépendra au final des performances financières (Santi a raison), mais la taille économique future dépassera de loin les modèles actuels (Haseeb a raison).
Q10 : Si tu étais fondateur d’un projet de token, que ferais-tu pour le rendre plus attractif pour les investisseurs ?
Matt :
Je pense que l’on passe d’une « ère du pur storytelling communautaire » à une « ère quasi-entreprise cotée ». Cela implique que les équipes doivent s’inspirer des pratiques matures des marchés de capitaux traditionnels, par exemple :
Publier régulièrement des données opérationnelles et financières transparentes
Organiser des calls de mise à jour trimestriels
Créer une équipe de relations investisseurs (IR)
Expliquer clairement les revenus du protocole, le modèle économique et la vision à long terme
De nombreux projets ont levé trop de fonds ces dernières années, mais n’ont pas optimisé leur utilisation. À l’avenir, je pense que les équipes devraient gérer leur trésorerie comme un véritable portefeuille d’investissement, à la manière d’Arbitrum, et non comme une simple réserve à subventions de court terme.
Ces initiatives ne sont pas de la pure forme, mais des moyens de communication éprouvés par des décennies de marchés financiers.
Q11 : Que penses-tu de l’évolution des ICO et modèles d’émission de tokens ?
Matt :
J’ai toujours pensé que l’ICO de 2017 était une expérience « trop précoce mais fondamentalement juste ». L’idée était bonne, mais les modèles économiques n’étaient pas mûrs, la réglementation incertaine, et beaucoup de projets n’ont pas tenu leurs promesses.
Je pense qu’on verra revenir les ICO, à une échelle bien supérieure à 2017. Par rapport aux IPO traditionnelles, les ICO sont plus rapides, plus démocratiques, moins coûteuses, et désormais la régulation permet de connecter directement le token à l’activité économique du protocole, ce qui donne une vraie valeur au token.
À long terme, je pense même que la cotation des entreprises passera progressivement de l’IPO classique à l’émission native de tokens, voire à un modèle hybride.
Q12 : Quel est ton regard sur les privacy coins comme Zcash du point de vue institutionnel ?
Matt :
La narration autour de Zcash est très claire, mais le côté réglementaire reste sensible, notamment sur la question « confidentialité par défaut vs optionnelle » dans le cadre de la conformité.
C’est pourquoi il est difficile de proposer des produits institutionnels ou des ETF sur Zcash.
Il précise toutefois :
« L’avenir de la crypto passera d’un seul récit à une dizaine de récits, et la confidentialité en fera partie. »
Ce n’est tout simplement pas encore le moment pour que les institutions s’exposent aux actifs privés.
Q13 : Quelle est ta vision finale pour 2026 ?
Matt Hougan :
Je pense que 2026 sera une année très dynamique. Les flux institutionnels accumulent de la puissance, la régulation passe du vent contraire au vent arrière, et de nouveaux récits comme les stablecoins, la tokenisation d’actifs et la finance on-chain émergent. Le marché pourra parfois être déçu par ces thèmes, mais ce ne sera qu’une question de timing, pas de direction.
Pour résumer en une phrase : Nous sommes simplement à l’entrée d’un nouveau cycle de croissance massive.
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CIO de Bitwise : 2026 sera très dynamique ; les ICO feront leur retour
Source du podcast : Empire
Date de diffusion : 8 décembre 2025
Invité : Matt Hougan, Chief Investment Officer (CIO) de Bitwise
Traduction et synthèse : BitpushNews
Cet article est une synthèse du dernier épisode du podcast crypto Empire intitulé « Les flux institutionnels surpasseront le cycle des 4 ans ». L’invité est Matt Hougan, CIO de Bitwise.
Dans l’émission, Matt approfondit des thèmes essentiels tels que « l’influence décroissante du cycle de 4 ans du Bitcoin », « l’accélération de l’entrée des capitaux institutionnels », « le risque réel de vente forcée du Bitcoin par les stratégies d’investissement », partage son point de vue sur le débat Haseeb–Santi autour de la valorisation des blockchains L1, et livre son analyse des moteurs de croissance du marché crypto pour la prochaine phase.
(Ci-dessous, synthèse de l’entretien)
Q1 : Le marché a récemment connu de fortes fluctuations, notamment des chutes le week-end. Quelle est ton analyse ?
Matt Hougan :
La volatilité à court terme ne veut rien dire en soi, mais il est vrai qu’un « schéma de panique du week-end » s’est installé ces derniers mois. Les marchés crypto sont ouverts 24/7 toute l’année, alors que les humains ne le sont pas, ce qui entraîne naturellement une liquidité plus faible les week-ends. De plus, certaines annonces macroéconomiques majeures sont souvent publiées le vendredi après-midi, forçant le marché crypto à digérer l’information plus tôt, ce qui amplifie les mouvements le week-end.
Je ne pense donc pas qu’il s’agisse d’un changement fondamental. En réalité, nous parlons d’un marché globalement stable cette année, mais dont le sentiment est exagérément amplifié, comme si nous avions vécu un crash. Beaucoup d’investisseurs sont anxieux uniquement parce qu’ils se souviennent que « les week-ends, il se passe souvent quelque chose ». Ce n’est pas le signal d’une tendance de fond.
Q2 : D’un point de vue macro, comment juges-tu le marché pour 2025–2026 ? Le cycle de 4 ans est-il encore pertinent ?
Matt :
Je l’ai dit à de nombreuses reprises : selon moi, le fameux « cycle des 4 ans » est désormais quasiment obsolète. Il fonctionnait auparavant grâce à la combinaison de certains facteurs spécifiques, qui aujourd’hui n’ont plus le même impact.
Le choc d’offre provoqué par le halving a un effet décroissant ; l’environnement des taux d’intérêt est totalement différent des deux années de correction précédentes (2018, 2022), nous sommes désormais dans un cycle de baisse des taux ; les risques systémiques qui provoquaient d’énormes corrections lors des cycles passés ont aussi fortement diminué. Bref, les forces qui structuraient le cycle sont aujourd’hui affaiblies.
Mais à l’inverse, une force est devenue de plus en plus puissante : l’afflux de capitaux institutionnels. Au cours des six derniers mois, Bank of America, Morgan Stanley, UBS, Wells Fargo et d’autres géants traditionnels ont ouvert l’accès aux actifs crypto, pour un montant total dépassant 15 000 milliards de dollars. C’est une force de l’ordre de la décennie, suffisante pour surpasser le fameux cycle de 4 ans.
Donc je suis très clair : je ne pense pas que 2026 sera une année baissière, au contraire je pense qu’elle sera très forte.
Q3 : Tu mentionnes que beaucoup de « pression vendeuse des vieux investisseurs » ne provient pas des adresses on-chain. D’où vient-elle alors ?
Matt :
Beaucoup de détenteurs OG n’ont pas directement vendu leurs Bitcoins ces dernières années, donc les données on-chain ne montrent pas vraiment de mouvements de « vieux portefeuilles », mais ils ont exercé une pression vendeuse équivalente via les options couvertes (covered call).
En bref, ils ne souhaitent pas vendre leurs Bitcoins détenus depuis des années (pour des raisons fiscales notamment), mais ils veulent tout de même dégager des revenus. Ils mettent donc leurs Bitcoins en collatéral pour écrire des options, générant un rendement annuel de 10 à 20 %. Cette opération revient à « vendre » au marché une partie du potentiel de hausse future, ce qui exerce une pression sur les prix équivalente à une vente partielle, sans qu’on voie de transfert on-chain depuis les anciennes adresses.
Ce type de produit connaît une très forte croissance chez Bitwise, et nous ne sommes pas les seuls à en proposer. J’estime qu’il existe déjà plusieurs milliards de dollars de pression vendeuse cachée provenant de ce genre de ventes structurelles.
Q4 : Les stratégies d’investissement sont-elles vraiment soumises au risque de vente forcée ? Pourquoi le marché s’en inquiète-t-il autant ?
Matt :
Il n’y a absolument aucune raison de s’en inquiéter. Je pense même que c’est un malentendu.
MicroStrategy paie environ 800 millions de dollars d’intérêts par an, mais dispose de 14,4 milliards de dollars de cash, ce qui couvre largement les 18 prochains mois. Sa dette s’élève à 8 milliards de dollars, tandis que la valeur de ses Bitcoins dépasse 60 milliards de dollars. Plus important encore, la première échéance de remboursement de dette n’arrive qu’en 2027.
Sauf si le prix du Bitcoin chute de 90 %, il n’existe aucun scénario de « vente forcée ». Et si jamais une telle baisse se produisait, tout le secteur serait dans une situation bien pire que MicroStrategy.
La vraie question n’est donc pas « vont-ils vendre ? », mais plutôt « achèteront-ils autant à l’avenir qu’avant ? ». C’est là que se situe l’impact marginal.
Q5 : Quelles entreprises ou institutions t’inquiètent le plus en termes de pression vendeuse ?
Matt :
Si l’on applique le modèle « missionnaires vs mercenaires », je pense que :
Q6 : Lors de tes réunions avec les grandes institutions financières, quelles sont leurs principales préoccupations ?
Matt :
Je passe aujourd’hui énormément de temps à dialoguer avec ces institutions. Leurs questions sont très basiques : pourquoi le Bitcoin a-t-il de la valeur ? Comment l’évaluer ? Quelle est sa corrélation avec les actifs existants ? Quel rôle joue-t-il dans un portefeuille ?
Un fait clé est souvent oublié : les institutions prennent leurs décisions extrêmement lentement.
En moyenne chez Bitwise, un client institutionnel met 8 réunions avant de réellement investir, et ces réunions peuvent avoir lieu une fois par trimestre. Vous comprenez donc pourquoi Harvard n’a renforcé son allocation Bitcoin que maintenant : ils ont commencé à étudier le sujet le jour où les ETF ont été lancés, et il leur a fallu un an pour approuver l’investissement.
Des géants comme Bank of America gèrent 3 500 milliards de dollars d’actifs. Même une allocation de 1 % représenterait 35 milliards de dollars, soit davantage que tous les flux nets des ETF Bitcoin actuels réunis.
C’est pourquoi je dis : l’adoption institutionnelle sera la force la plus importante du marché dans les prochaines années.
Q7 : Pourquoi les conseillers financiers (FA) adoptent-ils les actifs crypto si lentement ?
Matt :
Parce que leur objectif n’est pas d’obtenir la performance maximale du portefeuille, mais de :
Si en 2021, un FA avait investi les fonds de ses clients dans le Bitcoin, et qu’en 2022, suite à l’affaire FTX, ces actifs avaient chuté de 75 %, les clients l’auraient immédiatement renvoyé.
À l’inverse, des actions IA comme Nvidia peuvent aussi baisser de 50 %, mais le récit du marché est « tendance d’avenir », alors que la narration médiatique autour des cryptos reste sous suspicion, donc le « risque de licenciement » est plus élevé.
Avec la baisse de la volatilité, la montée des stablecoins et la tokenisation d’actifs (RWA), les cryptos deviennent progressivement acceptables pour les conseillers professionnels.
Q8 : Concernant Ethereum, Solana et autres L1, comment expliques-tu leurs différences aux institutions ?
Matt :
La stratégie est simple :
La raison est simple : un conseiller consacre en moyenne 5 heures par semaine à la gestion de portefeuille, dont seulement 3 minutes aux cryptos.
Matt explique :
En termes de compréhension :
Q9 : Quel est ton avis sur le débat Haseeb/Santi autour de la valorisation des L1 ?
**(Note Bitpush : **Haseeb Qureshi est associé chez Dragonfly Capital, VC crypto, partisan du long terme, qui estime que le marché sous-estime massivement le volume futur et les effets de réseau des blockchains L1, et que les valoriser avec les données actuelles revient à ignorer leur potentiel de long terme.
Santi Santos est investisseur et analyste crypto, plus proche de la finance traditionnelle, qui insiste sur le fait qu’à terme les L1 devront être valorisées avec leurs revenus, frais et véritable valeur économique, et que leur valorisation actuelle anticipe trop l’avenir.)
Matt :
Je pense qu’ils ont tous les deux raison, mais n’abordent pas le sujet sous le même angle.
Sur le plan structurel et de long terme, je me rapproche de la vision d’Haseeb. Nous sous-estimons beaucoup trop les volumes de transactions, l’activité économique et la fréquence de règlement sur chaîne à venir. Par exemple, pourquoi les salaires sont-ils versés toutes les deux semaines ? On pourrait les régler à l’heure, voire à la minute, ce qui multiplierait exponentiellement le volume de transactions on-chain.
Mais je rejoins aussi Santi sur un point : à terme, toutes les L1 devront être valorisées sur la base d’indicateurs économiques réels. Revenus, frais, valeur capturée par les protocoles, tout cela est incontournable. Mais les chiffres actuels ne reflètent absolument pas l’ampleur de la croissance future du réseau.
Je résumerais ainsi :
La valorisation dépendra au final des performances financières (Santi a raison), mais la taille économique future dépassera de loin les modèles actuels (Haseeb a raison).
Q10 : Si tu étais fondateur d’un projet de token, que ferais-tu pour le rendre plus attractif pour les investisseurs ?
Matt :
Je pense que l’on passe d’une « ère du pur storytelling communautaire » à une « ère quasi-entreprise cotée ». Cela implique que les équipes doivent s’inspirer des pratiques matures des marchés de capitaux traditionnels, par exemple :
De nombreux projets ont levé trop de fonds ces dernières années, mais n’ont pas optimisé leur utilisation. À l’avenir, je pense que les équipes devraient gérer leur trésorerie comme un véritable portefeuille d’investissement, à la manière d’Arbitrum, et non comme une simple réserve à subventions de court terme.
Ces initiatives ne sont pas de la pure forme, mais des moyens de communication éprouvés par des décennies de marchés financiers.
Q11 : Que penses-tu de l’évolution des ICO et modèles d’émission de tokens ?
Matt :
J’ai toujours pensé que l’ICO de 2017 était une expérience « trop précoce mais fondamentalement juste ». L’idée était bonne, mais les modèles économiques n’étaient pas mûrs, la réglementation incertaine, et beaucoup de projets n’ont pas tenu leurs promesses.
Je pense qu’on verra revenir les ICO, à une échelle bien supérieure à 2017. Par rapport aux IPO traditionnelles, les ICO sont plus rapides, plus démocratiques, moins coûteuses, et désormais la régulation permet de connecter directement le token à l’activité économique du protocole, ce qui donne une vraie valeur au token.
À long terme, je pense même que la cotation des entreprises passera progressivement de l’IPO classique à l’émission native de tokens, voire à un modèle hybride.
Q12 : Quel est ton regard sur les privacy coins comme Zcash du point de vue institutionnel ?
Matt :
La narration autour de Zcash est très claire, mais le côté réglementaire reste sensible, notamment sur la question « confidentialité par défaut vs optionnelle » dans le cadre de la conformité.
C’est pourquoi il est difficile de proposer des produits institutionnels ou des ETF sur Zcash.
Il précise toutefois :
Ce n’est tout simplement pas encore le moment pour que les institutions s’exposent aux actifs privés.
Q13 : Quelle est ta vision finale pour 2026 ?
Matt Hougan :
Je pense que 2026 sera une année très dynamique. Les flux institutionnels accumulent de la puissance, la régulation passe du vent contraire au vent arrière, et de nouveaux récits comme les stablecoins, la tokenisation d’actifs et la finance on-chain émergent. Le marché pourra parfois être déçu par ces thèmes, mais ce ne sera qu’une question de timing, pas de direction.
Pour résumer en une phrase :
Nous sommes simplement à l’entrée d’un nouveau cycle de croissance massive.