Jeudi a connu un retournement significatif des contrats à terme sur le cacao, la faiblesse de la devise ayant déclenché une vague de couverture à la baisse. Le cacao ICE NY de décembre a bondi de +165 points (+3,34%), tandis que le cacao ICE London de décembre a augmenté de +83 points (+2,19%), inversant les fortes baisses qui avaient affecté le marché au cours des deux semaines précédentes. Ce changement de momentum reflète la vulnérabilité des contrats de cacao, devenus survendus, à tout catalyseur pour un achat technique.
L’effet du dollar et la compression des stocks
Un dollar américain plus faible a été le déclencheur immédiat du rallye de jeudi, un moteur classique de la couverture à la baisse des matières premières. Mais les fondamentaux sous-jacents sont plus profonds. Les stocks de cacao suivis par ICE stockés dans les ports américains ont diminué pour atteindre un niveau bas de 8 mois, à 1 738 691 sacs, jeudi, témoignant d’une réelle tension du côté de l’offre qui soutient les prix. Cette compression des stocks représente une contrainte significative sur les approvisionnements disponibles, d’autant plus que la demande reste structurellement élevée en raison des engagements liés à la transformation et à la fabrication de chocolat.
Incertitude politique et pression sur le marché
Mercredi a été marqué par une forte vente qui a fait chuter les prix du cacao à leur niveau le plus bas en 1,75 année, suite à l’annonce que les États membres de l’Union européenne faisaient pression sur les régulateurs pour repousser d’un an le règlement européen sur la déforestation (EUDR). Ce cadre vise à lutter contre la déforestation dans les pays fournisseurs pour des produits clés comme le cacao et le soja. Un report de la mise en œuvre initialement prévue fin décembre atténuerait les restrictions à l’importation en provenance des producteurs africains, indonésiens et sud-américains où la déforestation est pratiquée — un développement qui a apaisé l’anxiété sur l’offre mais a aussi suscité des inquiétudes quant à l’incertitude réglementaire à l’approche de 2025.
Optimisme en Afrique de l’Ouest face au pessimisme mondial
La situation de l’offre en Afrique de l’Ouest présente un paradoxe intéressant. Les agriculteurs ivoiriens rapportent un développement sain des arbres à cacao, et le temps sec récent a facilité le séchage des fèves. Les producteurs ghanéens soulignent des conditions météorologiques favorables accélérant la maturation des cabosses. Les dirigeants de Mondelez ont indiqué que le nombre de cabosses en cours dans la région ouest-africaine est supérieur de 7 % à la moyenne quinquennale et « sensiblement plus élevé » que la récolte de l’année dernière. La récolte principale en Côte d’Ivoire vient de commencer, et le sentiment des agriculteurs concernant la qualité reste optimiste.
Pourtant, cette force en Afrique de l’Ouest masque un environnement mondial de la demande préoccupant. À la mi-novembre, la Côte d’Ivoire — premier producteur mondial de cacao — a expédié 516 787 MT vers les ports depuis le début de l’année commerciale le 1er octobre jusqu’au 16 novembre, soit une baisse de -5,7 % par rapport à 548 494 MT sur la même période en 2023. Ce ralentissement des exportations suggère un scepticisme du marché quant à la demande, malgré des attentes d’offre abondante.
La vente de chocolat raconte une histoire préoccupante
Une demande faible des consommateurs constitue le principal vent contraire pour le cacao. Le PDG de Hershey a rapporté des ventes de chocolat « décevantes » durant la saison d’Halloween, une période qui représentait près de 18 % des ventes annuelles de bonbons aux États-Unis en 2024 — deuxième en importance après Noël. Ces déclarations sur la faiblesse saisonnière d’Halloween soulignent que la demande de chocolat en détail peine à maintenir ses schémas historiques.
Les données de broyage dans les principales régions de consommation renforcent cette faiblesse de la demande :
Asie : le broyage de cacao au T3 a chuté de -17 % en glissement annuel à 183 413 MT, le plus faible résultat du troisième trimestre en 9 ans
Europe : le broyage du T3 a diminué de -4,8 % en glissement annuel à 337 353 MT, le plus bas résultat du T3 en une décennie
Amérique du Nord : le broyage du T3 a augmenté de +3,2 % en glissement annuel à 112 784 MT, bien que cette hausse soit en partie due à l’entrée de nouvelles entreprises dans les données
Plus inquiétant, les volumes de ventes de chocolat et de confiserie en Amérique du Nord ont chuté de plus de -21 % sur les 13 semaines se terminant le 7 septembre par rapport à l’année précédente, selon le cabinet de recherche Circana.
Des vents contraires à la production émergent
Le Nigeria, cinquième producteur mondial de cacao, offre un contrepoint à l’abondance en Afrique de l’Ouest. L’Association nigériane du cacao prévoit que la production du pays pour 2025/26 sera en contraction de -11 % en glissement annuel, à 305 000 MT, contre une estimation de 344 000 MT en 2024/25. Les exportations de cacao en septembre sont restées stables en glissement annuel à 14 511 MT, sans soulagement de croissance.
L’histoire du déficit
La perspective historique de l’Organisation internationale du cacao souligne une tension d’offre à long terme. En mai, l’ICCO a révisé son déficit mondial de cacao 2023/24 à -494 000 MT — le plus grand déficit en plus de 60 ans. La production de cette année-là a chuté de -13,1 % en glissement annuel à 4,380 MMT, et le ratio stocks/ broyage mondial a atteint un niveau historiquement bas de 27,0 %, soit 46 ans.
Pour 2024/25, l’ICCO prévoit un retournement vers un excédent de +142 000 MT — le premier en quatre ans — avec une production mondiale estimée en hausse de +7,8 % en glissement annuel à 4,84 MMT. Cependant, cette normalisation intervient dans un contexte de stocks de réserve sévèrement épuisés, limitant la marge de manœuvre face à d’éventuelles perturbations de l’offre.
La pression tarifaire s’atténue
Une pression supplémentaire est venue lorsque l’administration Trump a annoncé vendredi dernier qu’elle supprimait la taxe réciproque proposée de 10 % sur les produits non américains, y compris le cacao. Bien que cela élimine un risque à la hausse pour les prix lié à une guerre commerciale, cela supprime aussi un facteur potentiel de demande affaiblie qui soutenait une certaine défense des prix.
La conclusion
La reprise des prix du cacao jeudi reflète une couverture à la baisse réelle dans un contexte de conditions techniquement survendues, mais le tableau fondamental reste mitigé. La tension sur les stocks et les problèmes de production potentiels au Nigeria apportent des éléments constructifs. Pourtant, la faiblesse de la demande mondiale de chocolat, notamment les résultats décevants de la saison d’Halloween, et la récolte record attendue en Afrique de l’Ouest créent des vents contraires. Le marché reste pris entre des contraintes d’offre et une faiblesse de la demande — une dynamique qui pourrait perdurer jusqu’à la fin de la saison.
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La rallye de couverture courte stimule la reprise du cacao alors que l'offre se resserre
Jeudi a connu un retournement significatif des contrats à terme sur le cacao, la faiblesse de la devise ayant déclenché une vague de couverture à la baisse. Le cacao ICE NY de décembre a bondi de +165 points (+3,34%), tandis que le cacao ICE London de décembre a augmenté de +83 points (+2,19%), inversant les fortes baisses qui avaient affecté le marché au cours des deux semaines précédentes. Ce changement de momentum reflète la vulnérabilité des contrats de cacao, devenus survendus, à tout catalyseur pour un achat technique.
L’effet du dollar et la compression des stocks
Un dollar américain plus faible a été le déclencheur immédiat du rallye de jeudi, un moteur classique de la couverture à la baisse des matières premières. Mais les fondamentaux sous-jacents sont plus profonds. Les stocks de cacao suivis par ICE stockés dans les ports américains ont diminué pour atteindre un niveau bas de 8 mois, à 1 738 691 sacs, jeudi, témoignant d’une réelle tension du côté de l’offre qui soutient les prix. Cette compression des stocks représente une contrainte significative sur les approvisionnements disponibles, d’autant plus que la demande reste structurellement élevée en raison des engagements liés à la transformation et à la fabrication de chocolat.
Incertitude politique et pression sur le marché
Mercredi a été marqué par une forte vente qui a fait chuter les prix du cacao à leur niveau le plus bas en 1,75 année, suite à l’annonce que les États membres de l’Union européenne faisaient pression sur les régulateurs pour repousser d’un an le règlement européen sur la déforestation (EUDR). Ce cadre vise à lutter contre la déforestation dans les pays fournisseurs pour des produits clés comme le cacao et le soja. Un report de la mise en œuvre initialement prévue fin décembre atténuerait les restrictions à l’importation en provenance des producteurs africains, indonésiens et sud-américains où la déforestation est pratiquée — un développement qui a apaisé l’anxiété sur l’offre mais a aussi suscité des inquiétudes quant à l’incertitude réglementaire à l’approche de 2025.
Optimisme en Afrique de l’Ouest face au pessimisme mondial
La situation de l’offre en Afrique de l’Ouest présente un paradoxe intéressant. Les agriculteurs ivoiriens rapportent un développement sain des arbres à cacao, et le temps sec récent a facilité le séchage des fèves. Les producteurs ghanéens soulignent des conditions météorologiques favorables accélérant la maturation des cabosses. Les dirigeants de Mondelez ont indiqué que le nombre de cabosses en cours dans la région ouest-africaine est supérieur de 7 % à la moyenne quinquennale et « sensiblement plus élevé » que la récolte de l’année dernière. La récolte principale en Côte d’Ivoire vient de commencer, et le sentiment des agriculteurs concernant la qualité reste optimiste.
Pourtant, cette force en Afrique de l’Ouest masque un environnement mondial de la demande préoccupant. À la mi-novembre, la Côte d’Ivoire — premier producteur mondial de cacao — a expédié 516 787 MT vers les ports depuis le début de l’année commerciale le 1er octobre jusqu’au 16 novembre, soit une baisse de -5,7 % par rapport à 548 494 MT sur la même période en 2023. Ce ralentissement des exportations suggère un scepticisme du marché quant à la demande, malgré des attentes d’offre abondante.
La vente de chocolat raconte une histoire préoccupante
Une demande faible des consommateurs constitue le principal vent contraire pour le cacao. Le PDG de Hershey a rapporté des ventes de chocolat « décevantes » durant la saison d’Halloween, une période qui représentait près de 18 % des ventes annuelles de bonbons aux États-Unis en 2024 — deuxième en importance après Noël. Ces déclarations sur la faiblesse saisonnière d’Halloween soulignent que la demande de chocolat en détail peine à maintenir ses schémas historiques.
Les données de broyage dans les principales régions de consommation renforcent cette faiblesse de la demande :
Plus inquiétant, les volumes de ventes de chocolat et de confiserie en Amérique du Nord ont chuté de plus de -21 % sur les 13 semaines se terminant le 7 septembre par rapport à l’année précédente, selon le cabinet de recherche Circana.
Des vents contraires à la production émergent
Le Nigeria, cinquième producteur mondial de cacao, offre un contrepoint à l’abondance en Afrique de l’Ouest. L’Association nigériane du cacao prévoit que la production du pays pour 2025/26 sera en contraction de -11 % en glissement annuel, à 305 000 MT, contre une estimation de 344 000 MT en 2024/25. Les exportations de cacao en septembre sont restées stables en glissement annuel à 14 511 MT, sans soulagement de croissance.
L’histoire du déficit
La perspective historique de l’Organisation internationale du cacao souligne une tension d’offre à long terme. En mai, l’ICCO a révisé son déficit mondial de cacao 2023/24 à -494 000 MT — le plus grand déficit en plus de 60 ans. La production de cette année-là a chuté de -13,1 % en glissement annuel à 4,380 MMT, et le ratio stocks/ broyage mondial a atteint un niveau historiquement bas de 27,0 %, soit 46 ans.
Pour 2024/25, l’ICCO prévoit un retournement vers un excédent de +142 000 MT — le premier en quatre ans — avec une production mondiale estimée en hausse de +7,8 % en glissement annuel à 4,84 MMT. Cependant, cette normalisation intervient dans un contexte de stocks de réserve sévèrement épuisés, limitant la marge de manœuvre face à d’éventuelles perturbations de l’offre.
La pression tarifaire s’atténue
Une pression supplémentaire est venue lorsque l’administration Trump a annoncé vendredi dernier qu’elle supprimait la taxe réciproque proposée de 10 % sur les produits non américains, y compris le cacao. Bien que cela élimine un risque à la hausse pour les prix lié à une guerre commerciale, cela supprime aussi un facteur potentiel de demande affaiblie qui soutenait une certaine défense des prix.
La conclusion
La reprise des prix du cacao jeudi reflète une couverture à la baisse réelle dans un contexte de conditions techniquement survendues, mais le tableau fondamental reste mitigé. La tension sur les stocks et les problèmes de production potentiels au Nigeria apportent des éléments constructifs. Pourtant, la faiblesse de la demande mondiale de chocolat, notamment les résultats décevants de la saison d’Halloween, et la récolte record attendue en Afrique de l’Ouest créent des vents contraires. Le marché reste pris entre des contraintes d’offre et une faiblesse de la demande — une dynamique qui pourrait perdurer jusqu’à la fin de la saison.