Nvidia a soudainement bondi après la clôture, et la rumeur court que les exportations de la H200 vers la Chine pourraient être autorisées. Mais la question se pose : est-ce vraiment aussi prometteur qu’il n’y paraît ?

Déroulons la logique : l’aval du Département du Commerce américain n’est que la première étape. Le fait qu’un grand fabricant de GPU ait vu sa part de marché en Chine réduite à néant ne s’explique pas uniquement par les sanctions américaines. Pour des raisons de souveraineté des données, il y a déjà longtemps que la Chine recommande à ses entreprises technologiques de suspendre l’achat de ces puces haut de gamme. Maintenant que les États-Unis relâchent unilatéralement la pression, sera-t-il possible d’obtenir l’approbation des autorités chinoises ? C’est là que se joue réellement le sort des commandes. Vous avez la clé pour ouvrir la première porte, mais il y a une seconde porte métallique verrouillée derrière—comment conclure la transaction dans ces conditions ?

Le timing est également intrigant. Pourquoi la H200 en particulier ? Il s’agit d’un produit ayant presque deux ans de retard sur l’architecture la plus récente. En réalité, c’est un compromis défensif. Les solutions super-nœuds d’Ascend, le procédé avancé soutenu par la lithographie multi-exposition… ces avancées technologiques ont déjà montré aux concurrents qu’un blocus total ne ferait qu’accélérer l’émergence d’un écosystème totalement autonome.

La stratégie actuelle ressemble davantage à l’utilisation de produits de deuxième rang comme tampon : cela permet de récupérer une part du marché tout en cherchant à ralentir la boucle autonome de la chaîne industrielle. Mais combien de temps cette stratégie du juste milieu tiendra-t-elle ? Une fois le processus de substitution indépendante lancé dans les semi-conducteurs, il n’y a pas de raison de s’arrêter en cours de route. Entre la demande inéluctable en puissance de calcul, la sécurité de la chaîne d’approvisionnement et la divergence des trajectoires technologiques, la partie est encore loin d’être terminée.