Qualifier Polymarket de plateforme spéculative est une méprise profonde. Polymarket agrège les anticipations collectives sur les événements futurs et condense ces informations en temps réel, pour les transformer en un actif financier négociable. Pour comprendre son mécanisme de tarification, il faut dépasser l’idée simpliste selon laquelle « 0,9 $ correspond à une probabilité de 90 % ».
L’article débute par une problématique concrète à laquelle tout trader est confronté, afin de dévoiler la logique rigoureuse de tarification de Polymarket — et d’en démontrer la solidité inaltérable.
Inutile de maîtriser des modèles complexes pour saisir Polymarket. Il suffit de se concentrer sur deux règles fondamentales qui structurent le système.
Pilier 1 : Contrainte mathématique (la somme des probabilités doit être de 100 %)
Chaque marché Polymarket est défini par un ensemble d’issues « complètes et mutuellement exclusives ».
Dans le cas du marché binaire le plus simple (« L’événement A se produira-t-il ? »), il n’y a que deux issues : {Oui} et {Non}.
Selon les axiomes fondamentaux de la probabilité, la somme totale des probabilités de toutes les issues doit être égale à 1 (100 %). C’est la première règle mathématique incontournable :
P(Oui) + P(Non) = 1$
Cette équation est le point d’ancrage de toute analyse ultérieure.
Pilier 2 : Contrainte monétaire (prix total ≈ 1 $)
Si les mathématiques fixent le cadre théorique, Polymarket le concrétise grâce à l’ingénierie financière appliquée au réel.
Cela repose sur la « Garantie de paiement à 1 $ ».
Émission d’un « ensemble complet » : Impossible d’acheter uniquement « Oui » ou uniquement « Non ». Pour participer, il faut :
Règlement du marché : À la clôture du contrat, puisque les issues sont mutuellement exclusives, la valeur de l’ensemble est strictement fixée :
Si l’oracle déclare l’issue « A » :
Votre Jeton A (Oui) vaut alors 1 $ et peut être échangé contre 1 USDC.
Votre Jeton B (Non) ne vaut plus rien.
(Si l’issue B survient, l’inverse s’applique.)
Ancrage du prix sans arbitrage
Ce mécanisme garantit qu’à l’échéance, l’ensemble complet {Jeton A, Jeton B} vaut exactement 1 $.
Ce ensemble étant garanti à 1 $ au règlement, son prix de marché doit aujourd’hui tendre vers 1 $. Dans le cas contraire, les arbitragistes interviennent immédiatement pour le réaligner :
Cet arbitrage bidirectionnel instaure un équilibre robuste : la relation d’ancrage financier :
V(A) + V(B) ≈ 1 $
On obtient ainsi deux « contraintes strictes » :
L’ensemble du système de pricing de Polymarket repose sur ces deux piliers. Voyons comment ils se combinent pour aboutir à la logique centrale : « Le prix reflète la probabilité. »
Nous avons établi deux contraintes absolues :
La comparaison de ces deux contraintes met en lumière la logique centrale de Polymarket : les formules ont la même structure.
Cela indique clairement que le prix d’un jeton V(A) reflète l’estimation du marché quant à la probabilité P(A) de réalisation de l’événement.
Pourquoi cette relation est-elle incontournable ? Penchons-nous sur la notion de juste valeur.
Qu’est-ce que la « juste valeur » ? Supposons qu’un événement (A) ait 90 % de chances de se produire et 10 % de ne pas survenir. Le flux de trésorerie futur de votre Jeton A (Oui) est :
La « valeur attendue » (EV) de ce « ticket » aujourd’hui est :
EV(A) = (90 % × 1 $) + (10 % × 0 $) = 0,9 $
Cet arbitrage continu assure que le prix V(A) reste arrimé à sa valeur attendue P(A).
V(A) ≈ P(A)
Ajoutons une nuance professionnelle. Il arrive que des sondages affichent 95 % de chances pour un événement, alors que le prix Polymarket ne dépasse que 0,9 $.
Le marché se trompe-t-il ? Bien au contraire. Il intègre correctement le risque.
En ingénierie financière, il faut distinguer deux notions :
En pratique, les investisseurs sont averses au risque. Détenir un jeton suppose d’accepter, outre le risque événementiel, des risques structurels liés à la plateforme :
Pour assumer ces risques supplémentaires, impossibles à couvrir, les investisseurs exigent une décote — la décote pour risque global.
La formule de tarification devient alors :
V(A) = Q(A) — λ
Q(A) désigne la probabilité neutre au risque, et λ (lambda) la décote pour risque global pour l’ensemble des risques de plateforme et d’événement.
Ainsi, quand vous voyez 0,9 $ sur Polymarket, cela signifie : « C’est la probabilité neutre au risque à laquelle les participants acceptent d’engager des fonds, après prise en compte de tous les risques identifiés. »
Voilà ce qui distingue fondamentalement Polymarket des sondages : Les sondages expriment des « opinions », Polymarket tarife le « risque ».
Nous avons vu deux piliers :
Passons au concret. Comment le prix de 0,9 $ affiché à l’écran se forme-t-il réellement — et qu’est-ce qui l’ancre ?
L’erreur la plus courante chez les débutants consiste à croire que Polymarket fonctionne comme un AMM type Uniswap, avec une formule de prix fixe (x*y = k).
C’est incorrect.
Le cœur de Polymarket est un Carnet d'ordres à limite centralisé (CLOB) — comme sur Binance, Nasdaq ou une bourse classique.
Polymarket conjugue rapidité et sécurité :
Conséquence pour les teneurs de marché ?
Aucun slippage. Un ordre d’achat à 0,8 $ est exécuté à 0,8 $. Ils peuvent ainsi capter un écart de 0,01 $ en plaçant des offres à 0,8 $ et des demandes à 0,81 $, comme sur les marchés actions traditionnels.
Vous pouvez vous demander : Si chacun place ses ordres librement, que se passe-t-il si personne ne le fait — les prix ne risquent-ils pas de devenir instables ?
C’est là que le modèle incitatif sophistiqué de Polymarket intervient, avec deux niveaux :
Incitation 1 : Remboursement des « frais de performance » aux teneurs de marché
Polymarket ne prélève aucun frais de trading. Après règlement, il déduit un frais de performance (par exemple, k %) sur votre profit net.
Incitation 2 : Notation quadratique (récompense des meilleurs prix)
Les récompenses ne sont pas réparties également, mais distribuées selon un système de notation quadratique.
Concrètement : Plus votre écart achat-vente est serré, plus votre récompense augmente exponentiellement.
Exemple : Sur un marché où l’écart admissible est de 4 centimes.
Le joueur A propose un écart de 2 centimes et obtient un score de 0,25.
(Formule simplifiée : ∝(…)²)
Cette incitation non linéaire pousse tous les teneurs de marché à « rapprocher les prix du juste milieu. »
Quel avantage pour les nouveaux venus ?
En tant qu’utilisateur, vous bénéficiez toujours d’écarts ultra-serrés et de coûts de transaction faibles. Cela est possible grâce à la compétition professionnelle intense.
Movemaker est une organisation communautaire officielle autorisée par l'Aptos Foundation et fondée par Ankaa et BlockBooster. Sa mission est de soutenir et développer l’écosystème Aptos dans les régions sinophones. En tant que représentant officiel d’Aptos dans ces zones, Movemaker a reçu des financements et ressources de plusieurs millions de dollars de l'Aptos Foundation. Le groupe s’engage à connecter développeurs, utilisateurs, capitaux et partenaires afin de bâtir un écosystème Aptos ouvert, diversifié et dynamique.
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